Les Confessions d'un Prof Maudit

1.12.06

«J'ai trouvé une boîte à lunch su'l parterre d'la p'tite madame qu'yé fine au coin d'la ruuuuuuue!»

Que de souvenirs à ce lyrisme de Pruneau qui rapportait le précieux repas de Mélodie. Quel soulagement aussi. Parce qu’on avait vraiment hâte qu’elle arrête de geindre et de pleurer. Honnêtement, entre vous et moi : y avait-il un personnage plus fatiguant qu’elle dans Passe-Partout, particulièrement à cause de sa voix? Même André et Julie, les éternels rejects de nos héros en costume de freak, ne lui arrivaient pas à la cheville!

Quoi? Où je veux en venir? Ha! Oui, c’est vrai. J’avais une idée derrière la tête.

En fait, c’est que cette petit chansonnette me harcèle jour après jour, chaque fois que je traverse la salle des dîneurs. Les élèves me saluent, d’autres me posent l’éternelle question («C’est qui ton amoureuse à l’école?»), mais la plupart m’ignorent. Parce que, à cette heure, il n’y a place que pour la bouffe, les cris et les niaiseries. Et c’est bien correct comme ça. Il m’arrive aussi de joindre mes élèves et de finir par communier avec eux dans ce rituel tribal. Je suggère ça à tout prof qui veut vivre une expérience spirituelle particulière. Pas dîner en classe avec eux, non. Dîner dans leur forêt, avec la meute. Évidemment, même dans ce retour au source primitif, le prof veille. Et il a remarqué les boîtes à lunch des enfants. Et il a remarqué les poubelles du service de garde. Et, jour après jour, il se pose cette même question.

Le Québec a-t-il peur que ses enfants meurent de faim?

Chers parents, je vous en prie, répondez-moi! Je n’arrive pas à concevoir qu’on puisse surcharger autant un lunch. Même moi qui suis assez ogre, j’en aurais de trop! Deux sandwichs, des crudités, un thermos de soupe, une barre tendre, un jus, un fruit, un bâtonnet de fromage, des biscuits, une compote, un pouding, alouette! Pour la variété gastronomique? D’accord, je veux bien le croire. Mais est-ce nécessaire en quantité astronomique? Je trouvais les boîtes à lunch modernes particulièrement gargantuesques. J’en comprends maintenant la raison. De mes observations, la majorité des enfants, de la maternelle à la 6e année, ne finissent jamais le contenu du contenant, et ce malgré les harangues constantes des éducatrices. Dès lors, vous devriez voir les poubelles; c’est à faire pâlir d’envie le tiers monde! Sans compter tout ce qui reste dans les boîtes à lunch et revient à la maison dans un état particulier qui décourage à la récupération pour le repas du lendemain midi.

Une amie – appelons-la Mère Courage – s’est remise en question là-dessus. Avec trois enfants et une épicerie qui lui coûte les yeux ET la tête, je la comprends. Elle a donc coupé net les extras et s’en est tenue à la base : un sandwich, un jus, un fruit. L’air typique de notre bon vieux lunch morne dans son sac en papier brun ou dans la boîte à lunch Transformers ou My little Poney. «Mon Dieu! Elle va les affamer!» vous entends-je crier. Le soir venu, rien dans le contenant. Jeté? Non, tout mangé. Le plus vieux lui avoue par contre qu’il avait eu encore faim. Le lendemain, Mère Courage a varié le menu, tout en restant simple, et a ajouté quelques crudités au plus vieux. Depuis, elle s’ajuste au besoin. Aucun n’est mort d’inanition, aucun ne s’autodigère et ils sont toujours pétants de santé.

D’autre part, si vous aimez mieux prévenir que guérir, contrairement à ma copine, je vous invite fortement à en rajouter plus encore. Parce que quand je dîne avec mes élèves, ils m’offrent toujours leurs restes.

P.S. : J’adore particulièrement les barres Nature Valley Crunchy au beurre d’arachides et les ficellos!

30.11.06

Ce n'est qu'un au revoir...


Non, non! Du calme! Ce n’est pas moi qui vous quitte. Ni Michel Guay (malheureusement…).

Je tenais simplement à lever mon chapeau à Mère indigne, cette grande dame qui a réinventé le rôle de mère, la prose sucrée-salée et changé le visage de la blogosphère québécoise.

Mère indigne, muse inavouée de mon blogue, je vous souhaite un mois de congé productif et le plus grand des succès pour ce nouveau projet qui vous habite.

Longue vie à vous!

- le Prof Maudit

27.11.06

Peace & Love, mes ti-n’amis!

Je reste toujours étonné des extrêmes que peuvent susciter mes propos. Qu’ils soient haineux ou «encenseux». Je ne reviendrai pas sur les propos de Monsieur Guay (lire les derniers commentaires des quelques précédents billets). Ce serait entaché ce blogue encore plus que je ne le fais déjà, si je me fie à ses dires. Pour ceux qui seraient tentés de lui répondre, je vous dirais d’utiliser votre encre avec parcimonie; il est de ces extrémistes qui ont «LA» vérité, peu importe les arguments qu’on puisse leur présenter. Ainsi, me targuerai-je, en conclusion, d’être un bon prof sur cette fatale différence entre ceux de cette engeance et moi : mon discernement et mon ouverture d’esprit.

Mais passons… On veut pas se faire chier plus longtemps! Allons vers plus joyeux, vers plus bidonnant!

Chaque semaine, je demande à mes élèves d’écrire une dizaine de phrases avec les mots de vocabulaire et les verbes de la semaine. Évidemment, après plusieurs semaines en ma présence, il fallait bien que je déteigne un peu sur les enfants. Voici quelques perles des derniers jours… (je vous épargne les fautes d’orthographe et de syntaxe)

Grâce à leur regard, ces mesdemoiselles ont hypnotisé Prof Maudit pour ensuite le manger.
(Dois-je avoir peur de mes collègues vieilles filles?)

Le soir quand je fais mes devoirs, je meurs de fatigue, surtout parce que Prof Maudit en donne trop.
(Pfff! Même pas vrai!)

Parce que j’avais bien réussi mon examen, Prof Maudit m’a offert une Wii.
(Si je trouve une Wii, mon ti-pit, j’la garde!)

Mesdemoiselles, cessez de courir après Prof Maudit aux récréations!
(Euh…)

Pendant que nos yeux débordent de sanglots, Prof Maudit nous console.
(‘Voyez bien que chu pas juste un gros méchant!)

Ils ont arrêté Prof Maudit à l’aéroport parce qu’il y avait des élèves dans ses valises.
(Je les avais coupés en morceaux au moins?)

Les phrases de Prof Maudit sont tellement longues qu’elles nous fatiguent.
(Heille! Lâchez-moi deux secondes!)

Prof maudit est sûrement un extra-terrestre car j’ai peur quand il me regarde.
(BOUH!)

À la récréation, j’offrirai une tarte aux pommes empoisonnée à mon Prof Maudit adoré.
(Quelle délicate attention!)

Je précise ici que «professeur» et «maudit» ne faisaient pas partie du vocabulaire. Hey! Mike! As-tu déjà vu ça, de l’amour aussi sincère et spontané de même?