Les Confessions d'un Prof Maudit

31.8.06

La vérité sort de la bouche des victimes

Aujourd’hui, j’ai fait avec mes élèves un petit jeu pour ()apprendre à se connaître. Je vous évite les règles et explications (répétées 6 fois car, même pour un petit jeu, ils retiennent que dalle!), mais en gros, cela leur permettait d’échanger sur leurs vacances, leur famille, leur anniversaire à venir, parler de leurs amis et se présenter aux nouveaux camarades.

Pour ajouter une touche d’originalité, j’ai demandé à mes anciens morveux de choisir un mot pour me décrire aux nouvelles et futures victimes, question de bien les traumatiser dès le départ.

Voici textuellement ce qu’ils ont dit : gentil, drôle, généreux, beau (les filles surtout), intelligent, exigeant mais juste, bon vulgarisateur (oui, oui, ce mot-là).

Vous voyez qu’ils tremblent de peur… non?

30.8.06

Les belles résolutions

Non, mais! Le peuple n’est-il pas ravi, mesdames et messieurs? Les journaux, papiers ou télévisés, parlent de la rentrée non-stop, en s’extasiant particulièrement sur l’ajout des 90 minutes de classe par semaine. Et à quoi sera utilisé ce temps supplémentaire? À l’anglais, aux arts et à l’éducation physique. C’est-y pas beau? On n'est-y pas content?

Ben, pas moé! (pour faire changement…)

Je voudrais partager avec vous la réalité crue qui se cache derrière cet ajout, cette avancée dans l’éducation comme se plaît à le dire notre cher (j’ai la nausée…) premier ministre.

Parlons d’abord anglais. Malgré les études et les opinions d’experts brandies à la face du ministère, on nous a flanqué la langue seconde dès la première année. Si c’est pour leur apprendre des ‘tites chansons comme Head and shoulders, Mary had a little lamb ou Bingo was his name-O, je peux le faire vous savez! Les couleurs aussi, je suis capable : blue-yellow-pink-brown-lavander-charcoal. Pas besoin d’une heure d’anglais! Le plus déroutant dans tout ça, c’est que même quand ils apprenaient leurs couleurs et leurs chansons débiles de la troisième à la sixième année, ils ne s’en rappelaient toujours pas à la fin du primaire! Alors croyez-vous vraiment que deux années de plus vont aider? Mais on n’ajoutera pas de temps d’enseignement au français par contre, ni de mesures de soutien en lecture ou de support en orthopédagogie pour le nombre croissant d’enfants atteints de dyslexie, de dysphasie ou de troubles du langage. No f*cking way!

Les arts? Je ne vois aucun mal à augmenter le temps alloué à la musique, à l’art dramatique ou aux arts plastiques. Dans notre belle société québécoise où Star Académie l’emporte sur Félix Leclerc, Molière ou Picasso, c’est, je l’avoue, une idée splendide. Cependant, quelqu’un au ministère n’a pas fait sa job. La personne qui devait vérifier la disponibilité des locaux dans les écoles du Québec dormait sur la switch. Les commissions scolaires de l’île de Montréal ferment une ou deux écoles par année étant donné la baisse de clientèle. Ils entassent au maximum les élèves dans les autres établissements. Alors on finit par manquer de place. Certaines écoles n’ont plus de classe pour l’enseignement des spécialités. Les spécialistes se promènent de groupe en groupe, traînant de qui ses xylophones, de qui ses pastels. En bout de ligne, l’ajout de temps pour l’enseignement des arts devient du temps pour la gestion des arts : 10 minutes à distribuer flûtes et partitions, 15 minutes à installer les gouaches et un autre pour ramasser à la fin, 20 minutes pour déplacer les tables ou les pupitres pour de l’improvisation. Et avec tout ça, ils doivent encore se déplacer! Heureux ceux qui, comme moi, ont une école sans surcharge de clientèle. Je plains parents, profs et élèves ailleurs.

Le même gars n’a pas fait le boulot non plus pour compter le nombre de gymnase par école. C’était pas difficile pourtant. Hmm… Attendez. Je crois que, oui, c’est ça : UN! Il n’y a qu’un seul gymnase par école et dans une très grande majorité des cas, il est utilisé à pleine capacité. Impossible d’ajouter une deuxième période d’éducation physique par groupe. Alors? Alors les grosses têtes du ministère ont eu une idée machiavélique, comme d’habitude. Ils ont crié à tout le monde, haut et fort, qu’il y aurait une deuxième heure d’éduc par semaine, pour faire bouger les enfants dans nos heures sombres d’inactivité physique et d’obésité. Hourra! cria le peuple. Bande de caves! Ils ont modifié le programme en même temps et introduit «l’éducation à la santé». Alors au lieu d’apprendre les rudiments du ballon panier ou de développer la coopération sportive, ils passeront ces 30 minutes supplémentaires à parler de carottes et de choux de Bruxelles, assis dans une classe. Je veux bien croire que l’alimentation c’est important, mais on en parle à nos élèves à longueur d’année.

Évidemment, plusieurs solutions ont été trouvées pour les différents problèmes de cette décision prise, à mon humble avis, sur les chapeaux de roues. J’ai la plus grande empathie pour tous les spécialistes de la province qui se sont arrachés les cheveux pour construire des horaires convenables et qui ont dû sacrifier certains acquis.

Mais comme il n’y a pas eu de bonnes nouvelles en éducation depuis 10 ans, je vous dis : Courage! le pire est à venir!

Le gros boutt' du bâton

Ce qui est bien quand on a les mêmes élèves une deuxième année de suite, c’est qu’on peut déjà les engueuler à la première journée, sans le moindre remords. Parce qu’on sait très bien que ce n’est pas un petit fusible qui a sauté, cause de l’excitation de la rentrée; c’est toute la boîte qui a flambé l’an dernier!

C’que j’aime être méchant!

28.8.06

Vocation

Ce soir, je suis allé voir Zazie dans le métro, une Projection sous les Étoiles du 30e FFM.

Dans une des scènes, la petite Zazie dîne avec son oncle Gabriel qui lui demande ce qu’elle voudra faire plus tard. Elle lui dit qu’elle sera institutrice. Il lui demande alors, étonné de si peu d’originalité, pourquoi. Ce à quoi elle répond : «Parce que je passerai ma vie à emmerder les mômes!» S’ensuit une courte liste des différentes méthodes qu’elle utiliserait pour parvenir à ses fins, toutes plus honteuses les unes que les autres.

Zazie, c’est ma nouvelle héroïne.