Les Confessions d'un Prof Maudit

9.12.06

Je m'incline bien bas


Comme certains d'entre vous le savent déjà, habitués voyeurs de la blogosphère que vous êtes, trois éminences de ce petit monde virtuel seront publiés aux éditions du Septentrion. Afin de vendre un peu l'idée, les éditeurs ont organisé un concours: les internautes devaient deviner qui était le troisième cyber-carnet mis sous presse. J'ai participé à ce concours, aussi curieux et intrigué que d'autres par cette nouvelle tendance.

Quelle ne fut pas ma surprise, après mon vote anonyme inversé (je n'ai pas signé comme étant le Prof Maudit), de constater que mon avatar avait été suggéré par quelques lecteurs! C'est un très beau cadeau d'avant Noël que vous me faites. J'ai été particulièrement touché, surtout après l'affaire Guay qui a ébranlé mon blogue. Donc un petit gros merci, d'apprécier à la fois ma plume et mes propos.

Bien hâte de lire Mère indigne, Sof et Pierre-Léon!

4.12.06

Demain l'hiver...

Ne jubiliez-vous pas, dimanche? Cette grosse neige qui faisait sourire tout le monde à pleines dents, rendait les chiens fous et mettait le premier rose aux joues des enfants. Elle a aussi, Dieu merci, recouvert notre automne, particulièrement gris cette année, en nous donnant la fausse impression que ce serait aussi immaculé tout l’hiver. Mais, n’empêche, dans mon cas, j’étais en pamoison après le verglas dégueulasse de vendredi.

Malheureusement, cette belle joie apporte aussi sont lot de désagréments, et pas juste aux automobilistes, aux sans-abri ou aux personnes à mobilité réduite (Que de politicaly correct, Prof Maudit! Kossé ça?). C’est aussi le cas dans les écoles primaires, pour toute la gestion qui accompagne nos mois hivernaux. Et je ne parle pas des balles de neige. Ça, c’est une farce en comparaison. Deux problèmes majeurs se posent quand la neige et le froid nous envahissent : l’accoutrement et les cours d’école.

Le premier est tellement controversé et implique tant de facteurs et d’acteurs divers qu’on ne sait plus par quel bout le prendre. Chaque année, je me décourage de voir arriver mes élèves à -20 avec un manteau de printemps, la falle à l’air, pas de gants ni de tuque. Je dois me battre avec eux pour qu’ils enfilent l’essentiel pour les récréations. Encore faut-il qu’ils l’aient apporté. Car le running shoe est souvent roi sur la cour, même avec une dizaine de centimètres de neige. On se demande toujours si c’est parce que l’enfant cache ses trucs, quitte la maison après ses parents qui ne vérifient pas (ou plus), a la semi autorisation de ses parents qui ont abandonné la partie depuis belle lurette ou vient d’une famille qui n’a tout simplement pas les moyens. Avec les semaines qui passent ainsi que la neige et la slush qui s’accumulent, il s’installe une espèce de jem’enfouttisme; parents, profs, direction, communauté, société finissent par lâcher le gros boutt’ du bâton.

Les cours d’école quant à elles sont victimes de leur fonction première. Après chaque bordée de neige, une moyenne de 375 morveux (c’est le cas de le dire en plein hiver!) la piétine au moins cinq fois par jour. Diverses conséquences en entraînent d’autres. D’abord, la cour devient une patinoire où on risque systématiquement de se briser les vertèbres. Aussitôt, on annule les récréations. Déjà que, quand il y a trois gouttes de pluie qui tombent, on garde les élèves à l’intérieur. Imaginez l’ère glacière! Et n’allez pas croire que c’est «pour le bien des enfants», cette phrase galvaudée à toutes les sauces. C’est souvent pour le bien des maîtresses; ça coûte cher une mise en pli, vous savez! Dès lors, on emprisonne les enfants pour la journée entière. Et une journée sans récré, ce n’est plus une classe que vous avez : c’est une ménagerie! Au printemps, le problème persiste souvent avec une variation plus juteuse : la couche de glace entassée n’en fini plus de fondre. Et après, n’en finit plus de s’évacuer ou de s’évaporer. Car peu de cours possèdent un drain qui aiderait la cause. Alors les élèves naviguent-ils dans cet univers de gadoue jusqu’à la fin avril? «Ben voyons! T’as pas vu la cour? On va pas les sortir certain!» Et c’est un autre mois entre quatre murs. Pour moi qui ai enseigné en Europe où, de l’Espagne à la Scandinavie profonde, on expulse les élèves dehors qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il grêle, qu’il tempête, qu’il vente, qu’il verglace, qu’il ouragane, qu’il tsunamise… Ça me choque toujours un peu.

Je décris bien entendu une réalité toute montréalaise. À vous de partager votre vécu selon la région. Sortir dehors, pour nous, peuple du nord, ne devrait pas être si compliqué. On ne peut s’empêcher de penser que la solution ne serait pas très complexe. Se sensibiliser plus socialement à l’habillement essentiel allant avec notre climat rigoureux et extrémiste? Faire déneiger la cour par un camion? Installer un drain? Toutefois, l’éternelle question reste : à qui refiler cette facture, sans doute salée? Au moins, du sel… on pourrait-tu n’avoir?

Je vous laisse les enfants qui s’assoment en s’pitchant des balles de neige en glace en pleine face,
Je vous laisse les enfants qu’y’ont la langue collée sur les tracks et qui pleurent parce que le train s’en vient,
Je vous laisse les enfants mangés par la souffleuse à 4 heures dans un fort trop secret,
Je vous laisse mâââ paix, je vous donne mâââ paix, je me pousse eeen paix a-vec-ma-souf-fleu-se!