Les Confessions d'un Prof Maudit

24.1.07

Noël, j'ai mal au coeur...

Alors, vous avez cru qu’un troll qu’on connaît bien était venu m’étrangler dans mon sommeil? Pantoute! Toutefois, n’allez pas vous imaginer que je vais vous donner des explications sur mon silence. C’était mes vacances, je voulais en profiter, pis c’est tout’.

Ben là! Y’ nous niaise. Y’a pas eu un mois de vacances certain!

Non, c’est vrai. Sauf que, malgré un bagage de sujets sans cesse grandissant, je trouvais pas la drive pour écrire, ni le temps. Parlez-en à Mère Indigne et compagnie. Devenir esclave de mon blogue? Non merci! Et puis, si je vous en donne trop, vous allez finir par y prendre goût et à en vouloir toujours plus.

Et puis, il y avait Nowël. Ce moment de joie et de partage. Vous pourriez croire que pour nous, enseignants-qui-se-plaignent-le-ventre-plein-d’avantages-sociaux comme on se le fait répéter à tout bout de champ, c’est la belle vie. En réalité, ce n’est pas si simple. Si on jubile très certainement à l’idée de vacances bien méritées, Noël c’est aussi un peak de panique assuré. Et ça n’a rien à voir avec le magasinage.

Bien entendu, ça commence la semaine précédant les vacances. C’est un sacrilège presque reconnu dans la profession de ne pas préparer un petit bricolage de Noël pour rapporter à papa-maman. Que ce soit le p’tit sapin entouré de ouate dure comme de la roche à cause d’un surplus de colle ou une canne de bonbon transformée en renne grâce à un ajout savamment organisé d’un cure-pipe et de perles en plastique, faut faire de quoi! Par chance, au 3e cycle, je m’évite ce genre de quétaineries dénuées de toute pédagogie. Proposer un bricolage à des élèves de 5e ou 6e année, c’est comme leur parler du Père Noël. Des plans pour qu’ils s’intéressent vraiment à l’enseignement religieux dans le but de vous exorciser. Dans mon cas, ça prendrait plusieurs années d’études en théologie.

Je ne m’en sors pas pour autant. Je fais pas de bricolage, mais ils veulent pas qu’on passe Noël sous silence. Ben non! Ils veulent des décorations. J’HAÏS décorer ma classe! Que ce soit à l’Halloween, à Pâques, à la Saint-Valentin, aux anniversaires, à Hanoukka, à la Fête de la Reine, je me scierais les mains avec un couteau à beurre plutôt que de décorer. Mais non… Je l’fais pareil! Pis là, ils veulent des activités en plus! Je peux même pas planifier du travail ou une évaluation. Paraît que c’est pas très gentil. Qui a dit que je l’étais? Là encore, je courbe l’échine : jeux, film, danse, ce qu’ils veulent en autant que je puisse les menacer toute la journée de leur donner du travail s’ils ne se calment pas le gros nerf.

Le vrai stress n’est toutefois pas là. Je chiale, mais les activités et les décorations valent bien les bouteilles de vin, de porto et les boîtes de chocolat que je reçois (Vous pensez tout de même pas que je me donne tout ce mal pour rien!... Non? Pour vrai?... Ce que vous êtes mignons!). Bref, le vrai stress, celui qui résonne comme une cloche d'incendie pendant toute la semaine et qui nous suivra en bruit de fond vrombissant durant les vacances, celui qui nous lacère l’estomac, nous déchire les intestins et nous serre le cœur comme un étau, réside dans ce seul et unique constat :

«Mon Dieu! Il reste juste six mois!»

Et on capote. On s’énerve de ce que c’est allé trop vite. On se grignote les ongles de constater tout ce qui n’a pas encore été vu, du si peu qu’on a couvert. On finit toujours par se demander si nos élèves ne sont pas plus lents que ceux de l’an dernier. Mais non, c’est toujours pareil. On ne se dompte pas. Et ce sera pire après la semaine de relâche, le congé pascal et le 1er juin.

C’est dans ce mood que je suis en cette fin janvier, comme une multitude de mes collègues. Car je suis revenu au travail en pleine fin d’étape, en pleine période d’évaluations, en plein rush de corrections, en plein arrachage de cheveux à cause des notes à mettre dans le bulletin. Allez, deux ou trois gravol et j’y retourne!