Cochonneries
Il m’a fallu faire mes boîtes. Enfin, les refaire.
Pour être enseignant, c’est connu, il faut avoir trois choses : la passion (que certains appellent la vocation, terme que je refuse parce que c’est trop associé à l’ancien rôle religieux des écoles), le perfectionnisme et le matérialisme. Par matérialisme, j’entends ici l’accumulation monstre de toutes sortes choses qui nous semblent, à priori fort utile, mais qui s’avèrent en bout de ligne, complètement inutilisées.
Je traîne donc depuis 6 années, d’école en école, douze boîtes de stock que je considère «essentiel». Ajouté à cela des plantes, des paniers, des aquariums… Bref, j’ai besoin d’un bon samaritain avec une voiture à chaque fois, prêt à faire deux ou trois runs. Le temps étant compté entre mon imminent départ d’une école et ma toute aussi imminente arrivée dans l’autre, et ne pouvant abuser de la bonté des gens - même avec le chantage émotif auquel j’excelle - j’ai décidé de faire du ménage. Le gros ménage d’une nouvelle étape de vie. Repartir à neuf dans ce système pourri en me débarrassant de quelques-unes de ces boîtes-boulets.
Car je me suis aperçu que, sur douze caisses vides de papier à photocopieur pleines d’autres cossins, il n’y en avait que deux de libres. Et à voir les traces de tape sur chacune, probablement toujours les mêmes à chaque année. Autrement dit, je traîne depuis les débuts de ma carrière, dix cartons dont je ne connais ni le contenu, ni la possible utilité.
Shit!
Pourtant, si je l’ai gardé, ça devait bien avoir un usage quelconque, non? En fait, j’ai entreposé toutes ces cochonneries, non pas pour leur utilité concrète, mais pour leur probable utilité. C’est donc que je me suis attaché à des babioles en quantité industrielle et que j’ai abusé de mon temps ainsi que de celui des bonnes gens venues à ma rescousse chaque année, pour «transclasser», d’une école à une autre, une dompe de paperasses qui n’a jamais vu la lumière du jour?
Double Shit!
Parce que chaque année, au lieu de reprendre le même matériel, j’en ai réinventé du nouveau. Parle-moi d’un cave! À moins que je n’aie été un génie, restant à jour au plan pédagogique et ne sombrant pas ainsi dans l’apathie scolaire? C'était quand même cave de les charrier pendant tout ce temps! J’ai vidé lesdites boîtes, triant, reclassant, jetant, recyclant les contenus.
Au bout du compte, il me reste 5 cartons.
Yeah!
Maintenant, si je pouvais faire la même chose chez moi…
P.S. : Désolé si ce billet est moins punché, mais vous comprendrez qu’il me manque un peu de cœur à l’ouvrage.
Pour être enseignant, c’est connu, il faut avoir trois choses : la passion (que certains appellent la vocation, terme que je refuse parce que c’est trop associé à l’ancien rôle religieux des écoles), le perfectionnisme et le matérialisme. Par matérialisme, j’entends ici l’accumulation monstre de toutes sortes choses qui nous semblent, à priori fort utile, mais qui s’avèrent en bout de ligne, complètement inutilisées.
Je traîne donc depuis 6 années, d’école en école, douze boîtes de stock que je considère «essentiel». Ajouté à cela des plantes, des paniers, des aquariums… Bref, j’ai besoin d’un bon samaritain avec une voiture à chaque fois, prêt à faire deux ou trois runs. Le temps étant compté entre mon imminent départ d’une école et ma toute aussi imminente arrivée dans l’autre, et ne pouvant abuser de la bonté des gens - même avec le chantage émotif auquel j’excelle - j’ai décidé de faire du ménage. Le gros ménage d’une nouvelle étape de vie. Repartir à neuf dans ce système pourri en me débarrassant de quelques-unes de ces boîtes-boulets.
Car je me suis aperçu que, sur douze caisses vides de papier à photocopieur pleines d’autres cossins, il n’y en avait que deux de libres. Et à voir les traces de tape sur chacune, probablement toujours les mêmes à chaque année. Autrement dit, je traîne depuis les débuts de ma carrière, dix cartons dont je ne connais ni le contenu, ni la possible utilité.
Shit!
Pourtant, si je l’ai gardé, ça devait bien avoir un usage quelconque, non? En fait, j’ai entreposé toutes ces cochonneries, non pas pour leur utilité concrète, mais pour leur probable utilité. C’est donc que je me suis attaché à des babioles en quantité industrielle et que j’ai abusé de mon temps ainsi que de celui des bonnes gens venues à ma rescousse chaque année, pour «transclasser», d’une école à une autre, une dompe de paperasses qui n’a jamais vu la lumière du jour?
Double Shit!
Parce que chaque année, au lieu de reprendre le même matériel, j’en ai réinventé du nouveau. Parle-moi d’un cave! À moins que je n’aie été un génie, restant à jour au plan pédagogique et ne sombrant pas ainsi dans l’apathie scolaire? C'était quand même cave de les charrier pendant tout ce temps! J’ai vidé lesdites boîtes, triant, reclassant, jetant, recyclant les contenus.
Au bout du compte, il me reste 5 cartons.
Yeah!
Maintenant, si je pouvais faire la même chose chez moi…
P.S. : Désolé si ce billet est moins punché, mais vous comprendrez qu’il me manque un peu de cœur à l’ouvrage.
4 Comments:
J'ai une collègue comme ça qui a ramassé, au fil des années, un plein sous-sol de cossins et de trucs au cas ou... Elle garde tout parce que ça pourrait servir. Un mélange de marché aux puces et de caverne d'Ali-Baba. Elle devrait facturer des frais d'entreposage à la CS, quant à moi. Pas sûr que le DG apprécierait...
Quant on est un prof passionné (mettons à la porte le terme «vocation» qu'on utilise pour nous culpabiliser la plupart du temps, comme si on entrait en enseignement comme en religion...), on pense à ses élèves matin, midi et soir. On cherche une façon d'accrocher un ti-pit, on pense à l'autre qui va décrocher en se demandant ce qu'on pourrait faire pour elle...
Dans le fond, tes dix boites, Prof maudit, tu les transportes dans ta tête, dans ton coeur, dans ta vie de couple aussi. J'enseigne au secondaire et les 90 élèves que je vois par jour sont les personnes les plus importantes de ma journée. Il nous faudrait juste parfois apprendre à peut-être moins nous oublier.
By Anonyme, at 20.9.06
Pas grave prof maudit (pour le manque de punch), disons que ç'aura été un billet plus... informatif. Je suis convaincue que tu sauras nous puncher ça lundi prochain! ;) Bonne chance à toi! (et tu devrais voler quelques bricolages de tes élèves - à rajouter dans tes cartons de trucs à recycler d'ici les prochaines années haha)
By Anonyme, at 20.9.06
Salut Prof Maudit,
Ma blonde est enseignante depuis maintenant 10 ans. Elle a enseigné en Ontario (échec total avec une classe de 37 ti-culs) puis à Vancouver (Superbe expérience) puis de retour au Québec depuis 4 ans ou nous avons appris à vivre avec le système. Que je vous lis, je comprend toutes les subtilités du texte et je me demande à chaque fois: "Mais comment font ils ?". Bravo aux enseignants !
Bonne chance dans votre prochaine école ! Donc si je comprend bien, l'abatoire c'est fini pour vous ?
By Anonyme, at 21.9.06
La réforme de l'éducation :
Enseignement 1960:
Un paysan vend un sac de pommes de terre pour 100$. Ses frais de production s'élèvent aux 4/5 du
prix de vente.
Quel est son bénéfice ?
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Enseignement 1970:
Un paysan vend un sac de pommes de terre pour 100$. Ses frais de production s'élèvent aux 4/5 du
prix de vente, c'est-à-dire 80$.
Quel est son bénéfice ?
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Enseignement moderne 1970 Réforme de l'enseignement:
Un paysan échange un ensemble 'P' de pommes de terre contre un ensemble 'M' de pièces de monnaies.
Le cardinal de l'ensemble 'M' est égal à 100, et chaque élément sigma de 'M' vaut 1$.
Dessine 100 gros points représentant les éléments de l'ensemble 'M'. L'ensemble 'F' des frais de
production comprend 20 gros points de moins que l'ensemble 'M'. Représente 'F' comme un sous
ensemble de 'M' et donne la réponse à la question :"Quel est le cardinal de l'ensemble 'B' des
bénéfices (à dessiner en rouge)" ?
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Enseignement rénové 1980-1985:
Un agriculteur vend un sac de pommes de terre pour 100$. Les frais de production s'élèvent à 80$ et
le bénéfice est de 20$.
Devoir : Souligne les mots 'pomme de terre' et discutes-en avec ton voisin.
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Enseignement réforme de l'éducation 2000:
Un peizan sanrichi de 20$ sur un sac de patat.
Analiz le tesks er recherc le fote de contenu de gramere d'ortogrf de ponktuacion et ansuite di se
ke tes zamis pansent de cete maniaire de sanrichir.
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Enseignement assisté par ordinateur 2006:
Un producteur de l'espace agricole câblé sur ADSL consulte en conversationnel une data bank qui
display le day-rate de la patate. Il load son progiciel SAP/R3 de computation fiable et détermine le
cash flow sur écran pitch 0,25mm Energy Star. Dessine-moi avec ton mulot le contour 3D du sac de
pommes de terre puis logue-toi au réseau Arpanot (Deep Blue Potatoes).Via le SDH boucle 4.5,
extraire de MIE le graphe des patates
By Anonyme, at 21.9.06
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