Échec en maths
«Un gouvernement libéral s’engagera à fournir de l’aide aux devoirs à TOUS les élèves du niveau primaire des écoles publiques du Québec.»
Ça vous dit quelque chose? Moi, ça ne me dit absolument rien.
Ce chef en course pour siéger à la tête du Québec l’a répété autant comme autant, cette promesse. Il en a fait un de ses chevaux de bataille. C’était inscrit en grosse lettre dans son programme électoral. Il ne promettait pas l’aide aux devoirs qu’aux élèves en difficulté, non. Il visait haut : TOUS les élèves y auraient droit. Je trouvais (et trouve encore) que c’était une mesure complètement ridicule puisque ce n’est pas du tout là que le bât blesse dans mon «plus beau métier du monde», mais je me disais que c’était franchement mieux que rien. Deux ans plus tard, on est encore au niveau du rien. Pourtant, c’est pas comme s’il n’y avait pas eu de ca$h mis sur la table!
Durant l’année scolaire 2003-2004, j’avais un groupe de 2e année de 19 élèves. Au début de l’année, la direction m’informe que trois de mes élèves pourront avoir droit à l’aide aux devoirs. Ce petit chiffre n’est même pas suffisant pour répondre aux besoins de tous mes élèves en difficulté.
En 2004, le 20 mai très exactement, Pierre Reid, ministre de l’éducation à l’époque, annonce des fonds de 10 millions de dollars alloués aux commissions scolaires du Québec pour le programme Aide aux devoirs. «Yes, ça bouge!» me dis-je enfin. Au début de l’année scolaire 2004-2005, quand je m’enquiers du nombre d’élèves qui auront un tuteur d’aide aux devoirs, on me répond : trois…
En 2005, pas une cenne. Cette fois en 5e année, on m’informe que deux élèves auront ce service…
Le 13 février 2006, le ministre de l’éducation, des loisirs et des sports (parce que les sports et les loisirs ont tel-le-ment de liens avec l’éducation…), Jean-Marc Fournier (duquel mon collègue blogueur Prof Malgré Tout fait une désopilante comparaison), annonce des fonds de 20 millions de dollars pour les commissions scolaires du Québec, toujours dans le cadre de l’aide aux devoirs. Le double de deux années plus tôt. Début de l’année scolaire 2006-2007, qu’est-ce qu’on m’apprend? Peut-être trois places… mais pas sûr.
Question de ce problème mathématique même pas algébrique : où est passé l’argent? Qu’en ont fait les commissions scolaires pour que rien ne bouge malgré 30 millions de dollars?
Petite extrapolation fictive selon les chiffres actuels. Établissons le nombre approximatif d’élèves dans les écoles du Québec à 900 000, pour ne pas trop faire peur à la fin du calcul. En moyenne, 79 200 élèves, donc 8% (dans le meilleur des scénarios) avaient l’aide aux devoirs en 2003. 3 ans plus tard et 30 millions de dollars de plus (pas des pinotes, là!), 118 800 élèves bénéficient du programme, soit 13%. Considérant que le gouvernement s’est engagé à fournir ce service à TOUS les élèves, et considérant la façon dont ces fonds sont actuellement gérés, il faudrait qu’en moins d’un an (ce qu’il reste du mandat du PLQ) le gouvernement injecte plus de 179 millions de dollars dans ce programme! Admettons qu'on voudrait garder ce gouvernement, le temps qu'il réalise son mandat et selon le ratio d'argent donné par année, le Parti Libéral du Québec devrait rester au pouvoir 18 ans. Ça nous tente-tu?
Patapouf est loin du compte! Et les commissaires ont sûrement quelque chose à voir avec les faibles taux de réussite en mathématiques...
Ça vous dit quelque chose? Moi, ça ne me dit absolument rien.
Ce chef en course pour siéger à la tête du Québec l’a répété autant comme autant, cette promesse. Il en a fait un de ses chevaux de bataille. C’était inscrit en grosse lettre dans son programme électoral. Il ne promettait pas l’aide aux devoirs qu’aux élèves en difficulté, non. Il visait haut : TOUS les élèves y auraient droit. Je trouvais (et trouve encore) que c’était une mesure complètement ridicule puisque ce n’est pas du tout là que le bât blesse dans mon «plus beau métier du monde», mais je me disais que c’était franchement mieux que rien. Deux ans plus tard, on est encore au niveau du rien. Pourtant, c’est pas comme s’il n’y avait pas eu de ca$h mis sur la table!
Durant l’année scolaire 2003-2004, j’avais un groupe de 2e année de 19 élèves. Au début de l’année, la direction m’informe que trois de mes élèves pourront avoir droit à l’aide aux devoirs. Ce petit chiffre n’est même pas suffisant pour répondre aux besoins de tous mes élèves en difficulté.
En 2004, le 20 mai très exactement, Pierre Reid, ministre de l’éducation à l’époque, annonce des fonds de 10 millions de dollars alloués aux commissions scolaires du Québec pour le programme Aide aux devoirs. «Yes, ça bouge!» me dis-je enfin. Au début de l’année scolaire 2004-2005, quand je m’enquiers du nombre d’élèves qui auront un tuteur d’aide aux devoirs, on me répond : trois…
En 2005, pas une cenne. Cette fois en 5e année, on m’informe que deux élèves auront ce service…
Le 13 février 2006, le ministre de l’éducation, des loisirs et des sports (parce que les sports et les loisirs ont tel-le-ment de liens avec l’éducation…), Jean-Marc Fournier (duquel mon collègue blogueur Prof Malgré Tout fait une désopilante comparaison), annonce des fonds de 20 millions de dollars pour les commissions scolaires du Québec, toujours dans le cadre de l’aide aux devoirs. Le double de deux années plus tôt. Début de l’année scolaire 2006-2007, qu’est-ce qu’on m’apprend? Peut-être trois places… mais pas sûr.
Question de ce problème mathématique même pas algébrique : où est passé l’argent? Qu’en ont fait les commissions scolaires pour que rien ne bouge malgré 30 millions de dollars?
Petite extrapolation fictive selon les chiffres actuels. Établissons le nombre approximatif d’élèves dans les écoles du Québec à 900 000, pour ne pas trop faire peur à la fin du calcul. En moyenne, 79 200 élèves, donc 8% (dans le meilleur des scénarios) avaient l’aide aux devoirs en 2003. 3 ans plus tard et 30 millions de dollars de plus (pas des pinotes, là!), 118 800 élèves bénéficient du programme, soit 13%. Considérant que le gouvernement s’est engagé à fournir ce service à TOUS les élèves, et considérant la façon dont ces fonds sont actuellement gérés, il faudrait qu’en moins d’un an (ce qu’il reste du mandat du PLQ) le gouvernement injecte plus de 179 millions de dollars dans ce programme! Admettons qu'on voudrait garder ce gouvernement, le temps qu'il réalise son mandat et selon le ratio d'argent donné par année, le Parti Libéral du Québec devrait rester au pouvoir 18 ans. Ça nous tente-tu?
Patapouf est loin du compte! Et les commissaires ont sûrement quelque chose à voir avec les faibles taux de réussite en mathématiques...
10 Comments:
L' argent est sûrement dans les poches des commissaires...
By Anonyme, at 6.9.06
Je n'avais pas de chiffre en tête, mais en même temps je me pose des questions. Est-ce que c'est tous les enfants du Québec qui ont besoin d'aide aux devoirs? Ils ont fait la même chose avec les garderies. Tous le monde à 5$, même ceux qui avait les moyens de payer plus. On augmente les heures de classes, on additionne l'aide aux devoirs, on ajoute les heures de cathéchèse en dehors des heures d'école pour que les enfants puissent suivre un parcours religieux...On devrait avoir des intello-bollé comme enfant après ça, non? C'est loin de donner autant de résultats qu'on pourrait croire. On a des enfants écoeurés. Mon fils a été un des deux ou trois chanceux qui ont pu bénéficier de l'aide aux devoirs. Une demi-heure deux fois par semaine, dans son cas, c'est très insuffisant! Mais est-ce qu'on maudit le contexte, ou est-ce qu'on apprécie les efforts de tous les intervenants? Loin de moi l'idée de pelleter le problème aux intervenants comme certains pourrait le croire. Avec les nouvelles méthodes pédagogique, il faudrait qu'on retourne sur les banc d'école pour se remettre à jour. Le drame c'est qu'il me semble que je fais cela depuis que je suis sortie de l'école. Je suis de la génération des mathématiques moderne et le l'enseignement par phonétique. L'analyse spaciale, ça vous dit quelque chose. Ça m'a pris des années de cours d'appoint après le secondaire pour m'en remettre. Même encore, j'espère que tous les profs qui viennent ici vont être indulgents à mon égard. Je choisis tout de même de regarder le verre à moitié plein, c'est un prof qui me l'a enseigné ça...et je vous laise le soin de critiquer, vous êtes bien mieux placé que moi et vous le faîtes merveilleusement bien! Bravo et merci
By Anonyme, at 7.9.06
C'est à se poser de sérieuses questions, quand on se rend compte que le gouvernement, les commissions scolaires, whatever, ne se soucient pas de l'avenir de ces enfants, qui sont la génération future...
Ça me fait enrager de penser à tout ça...
By Chocolyane, at 7.9.06
Wow, merci de m'avoir fait comprendre que j'avais plus de chance de gagner à la loterie, que mon fils recoive de l'aide aux devoirs. Pis finalement, à bien y penser, l'aide aux devoirs coûte probablement moins que de lui fournir des services de professionnels (parraît que c'est une denrée râre, conclusion de la directrice lors d'une réunion du conseil d'établissement, hier soir). Tous ces gens qui ont bénéficié de cet argent pour faire preuve d'une redoutable créativité afin mettre sur pieds ce programme doivent certainement avoir la conscience du devoir accompli puisqu'on voit le résultat (médiocre, mais un résultat quand même). Quand on pense que la plupart du temps, c'est des étudiants qui sont engagés pour offrir ces services, au salaire minimum. Ça arrondie leur fin de mois, deux ou trois heures de plus par semaine. Ils sont gras dur! Franchement, ça me donne envie de partir un blog ironique aussi!!!
By Anonyme, at 7.9.06
Je ne sais pas comment ça se passe chez vous ... mais l'aide aux devoirs ... Est-ce que ça aide vraiment?
Dans mon coin ça se résume à 30-35 élèves regroupés dans une classe avec une ou deux madames retraités (pis pas vraiment retraités de l'enseignement) qui répond de temps en temps à des questions ... C'est pas ça qui règle le plus gros des troubles non? C'est juste mon avis ;)
By Anonyme, at 7.9.06
Vous ai découvert "grâce" à M. Lagacé. Je vous lis avec plaisir quotidiennement. Vos "états d'âmes" à saveur d'ironie me plaisent au plus au haut point. Pour ma part, j'ai la chance d'avoir une "bollée" qui réussit bien à l'école et qui, en plus, adore ca ... Je touche du bois...
By Anonyme, at 7.9.06
Tout simplement bravo!
Votre blogue est clair, franc, direct. Votre style d'écriture sensible, touchant et accrocheur. Moi-même enseignant, j'ai choisi de m'attaquer, avec certains confrères et consoeurs, aux abérrations du Renouveau sur ce blogue:
http://acreducation.over-blog.com/
Cependant, vous avez réussi, là où je tente encore, à atteindre l'oreille des parents et de plusieurs enseignants.
Manifestement, c'est par l'auto-dérision, l'humour, l'émotion et la caricature que vous avez su transmettre votre amour de la profession et vos préoccupations quant à la qualité du SYSTÈME.
Quant à l'anonymat du blogue, c'est un mal nécessaire. Là où on parle d'éthique professionnelle, en éducation, il faut entendre fidélité administrative.
J'ai maintenant signé un pacte avec le Diable et suis condamné à vous lire pour l'éternité...
By Anonyme, at 7.9.06
@ mom et f_coallier - En fait, l'aide aux devoirs est nécessaire pour les enfants en difficultés d'apprentissage qui, plus souvent qu'autrement malheureusement, viennent de familles pauvres monétairement, culturellement et socialement. Cette mesure agit donc à la fois comme support à l'élève et aux parents.
Par contre, viser l'ensemble de la population estudiantine élémentaire du Québec est franchement inutile. La presque totalité des profs donnent aux élèves ce qu'on appelle de la drill; des travaux qui se font aisément, en pratique de ce qui a été acquis en classe, et qui ne devraient pas requérir l'intervention des parents. C'est aussi vouloir encore refiler au système, une responsabilité qui incombe aux parents.
Quand on calcule aussi que l'argent investi aurait pu payer, pour l'ensemble de la province, le salaire de 180 orthopédagogues à la plus haute échelle salariale (ou 285 orthopédagogues finissants des universités), il y a de quoi hurler!
@ forsythia - Comme l'aide aux devoirs n'est - curieusement - pas gérée par les écoles, mais par des organismes sociaux à buts non lucratifs, le service est différent d'une région à une autre, voire entre les écoles d'un même quartier.
Parfois ce sont des madames, parfois des étudiants. Ça se fait en tutorat avec deux ou trois élèves (quelquefois un seul, pour les cas particulièrement difficiles), ou en grand groupe avec un adulte qui fait office de «surveillant d'étude».
Le plus dérangeant dans l'histoire est qu'une très grande partie de ces «moniteurs» sont... des bénévoles. La question de la gestion du 30 millions devient encore plus dramatique.
@ acre - Chacun combat à sa manière. J'aurais aimé découvrir la vôtre avant que vous ne tiriez votre révérence... Bonne rentrée!
By le Prof Maudit, at 7.9.06
Ici, je sais que la maison de la famille du quartier offre l' aide aux devoirs.
By Anonyme, at 7.9.06
La question de l'orthopédagogie.... ça c'est une autre histoire!!!
Pour ce qui est de l'aide aux devoirs, encore faut-il que les parents acceptent d'y inscrire leurs enfants. J'ai eu l'opprtunité d'inscrire 3 enfants à l'aide aux devoirs de la maison de la famille du quartier et 7 autres enfants à l'aide aux devoirs de l'école. Résultat: aucun parent n'a autirisé son enfant à recevoir le service.
Après ça, ces mêmes parents sont venus "chialer" qu'ils n'arrivaient pas à bien aider leur enfant dans les devoirs et les leçons. Que dois-je faire?????
By Anonyme, at 11.10.06
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